Michelle Bastien, interprète poétique
Extrait de « POÈME AUX YEUX NOIRS » de Christine Germain
Spectacle à Val-des-Lacs, 2009
Je ronge des os. Poulet. Mouton. Porc. Boeuf.
Je mords l’os rouge de la cuisse. Je suce la moelle.
Je casse les fibres. Je coupe les nerfs,
Tête toutes les courbes. Le couloir des charpentes.
Fossiles sur l’émail blanc de mes dents.
Je ronge des os.
Beaucoup de terre. Encore de la terre.
La terre noire. Ocre. Rouge. Grise. La terre chaude.
Je suis née dans la terre. Elle donne et reprend la vie.
J’aime y fourrer mon museau.
Avec mes mains, la fouiller, la pétrir.
La laisser sous mes ongles, la rouler sur ma peau.
La renifler.
M’enfouir en elle. Encore plus près de moi.
La mettre dans ma bouche.
Je la mange et le ventre s’allume.
Jambes. Bras. Hanches et bassin.
Mes pieds. Une main.
Un soir, j’ai réussi à m’y enfouir totalement.
Mes sens ont pris vie. Une seule inspiration enflait
nos deux torses.
Immobile. Gavée par les sons de nuit.
Ceux qui voyagent plus doucement.
Plus clairement.
Animale femelle à la nature de la terre.
C’est pendant la nuit que j’ai appris qui je suis.
La nuit! J’aime le cuir doré de sa peau.
La nuit! J’ai voulu l’éteindre avec ma salive.
C’est elle qui m’a couvert de fourrures.
Je mange la chair dans la nuit.
Mes dents pointus dans la chair.
Palpitante, dans le coeur de mes mains.
Baignée de rouge . Mon sexe encore plus grand.
Moi. Faune. Fauve. Toutes de sueurs musquées.
…
« LA LOUVE » de Jacquette Reboul
Il y a une louve en moi qui happe et déchire ce qu’elle
convoite. Elle ne sait aimer que d’un amour de louve,
avide et maladroit. Quand elle serre le cou d’un homme
entre ses lourdes pattes chaudes, elle l’étouffe. Par
tendresse, elle mord, elle rompt. Elle lèche, gémit,
écrase son malheureux amant. S’il la met à la porte,
elle hurle son désespoir er rôde dans la nuit, les yeux
fous, semant la terreur autour d’elle. Jalouse d’une voix,
d’une ombre, elle se couche aux pieds de son maître,
râlant de désir. Mais ce n’est qu’une bête, nul homme
ne peut la combler.
De guerre lasse, un jour, je tuerai ma louve et te
donnerai à boire une tasse de sang frais.
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